« Tous les États doivent s’abstenir d’organiser, d’aider, de fomenter, de financer, d’encourager ou de tolérer des activités armées subversives ou terroristes destinées à changer par la violence le régime d’un autre État ainsi que d’intervenir dans les luttes intestines d’un autre État. »
Résolution 2625, adoptée le 24 octobre 1970 par l’Assemblée générale des Nations Unies
Avant-propos de l’auteur
Aucune connaissance n’est définitive. L’Histoire, comme toute autre science, est une remise en question de ce que l’on croyait certain et qui, au regard de nouveaux éléments, se trouve modifié, voire infirmé.
Je rejette le choix qui nous est proposé entre le « cercle de la raison » et la « pensée unique » d’une part, et les émotions et la « post-vérité » de l’autre. Je me situe sur un autre plan : je cherche à séparer les faits des apparences, et la vérité de la communication. Surtout, tant que des hommes tenteront d’en exploiter d’autres, je ne crois pas que les relations internationales puissent être totalement démocratiques et donc transparentes. Par conséquent, au-delà des ruses, il est par nature impossible d’interpréter avec certitude les événements internationaux lorsqu’ils surviennent. La vérité ne peut se faire jour qu’avec le temps. J’accepte l’idée de me tromper sur l’instant, mais je ne renonce jamais à remettre en cause mes impressions et à comprendre. Cet exercice est d’autant plus difficile que le monde souffre de guerres qui nous obligent à nous positionner sans attendre.
Pour ma part, j’ai pris le parti des innocents qui voient des inconnus pénétrer dans leurs villes et y imposer leur loi, des innocents qui entendent les télévisions internationales répéter le mantra selon lequel leurs dirigeants sont des tyrans et qu’ils doivent céder la place aux Occidentaux, des innocents qui refusent de se soumettre et sont alors écrasés par les bombes de l’Otan. Je revendique d’être à la fois un analyste tentant d’observer avec objectivité et un homme portant secours à ceux qui souffrent avec les moyens dont il dispose.
En écrivant ce livre, je prétends aller au plus loin des documents et des témoignages directs actuels. Cependant, à la différence des auteurs qui m’ont précédé, je ne cherche pas à démontrer le bien-fondé de la politique de mon pays, mais à comprendre l’enchaînement des événements, dont il se trouve j’ai été à la fois un objet et un sujet.
Certains prétendront que, contrairement à ma profession de foi, je cherche en réalité à justifier mon action et que, consciemment ou inconsciemment, je fais preuve de partialité. J’espère qu’ils participeront à l’établissement de la vérité et qu’ils m’indiqueront ou publieront les documents que j’ignore.
Il se trouve précisément que mon rôle dans ces événements m’a permis d’apprendre et de vérifier de très nombreux éléments inconnus du grand public, et souvent de bien d’autres acteurs. Ce savoir, je l’ai acquis de manière empirique. Ce n’est que progressivement que j’ai compris la logique des événements.
Pour permettre au lecteur de suivre mon cheminement intellectuel, je n’ai pas écrit une Histoire générale du Printemps arabe, mais trois histoires partielles des dix-huit dernières années, à partir de trois points de vue différents : celui des Frères musulmans, celui des gouvernements français successifs, et celui des autorités états-uniennes. Pour cette édition, j’ai inversé l’ordre de ces parties par rapport aux éditions précédentes où j’avais placé l’action de la France en premier. En effet, il s’agit ici de toucher un public international.
À la recherche du pouvoir, les Frères musulmans se sont placés au service du Royaume-Uni et des États-Unis, tout en s’interrogeant sur la manière de rallier la France à leur combat pour dominer les Peuples. Poursuivant leurs propres objectifs, les dirigeants français n’ont pas cherché à comprendre la logique des Frères musulmans, ni celle de leur suzerain états-unien, mais uniquement à retrouver les avantages de la colonisation et à s’enrichir. Seuls Washington et Londres avaient toutes les informations sur ce qu’ils préparaient et ce qui se passait.
Le résultat ressemble donc à des poupées russes : on ne comprend que progressivement l’organisation d’événements qui paraissaient spontanés comme les tenants et les aboutissants de certaines décisions.
Mon témoignage est tellement différent de ce que les lecteurs ont pu lire ou entendre sur le même sujet que certains prendront peur des conséquences de ce que j’écris. D’autres au contraire s’interrogeront sur cette gigantesque manipulation et la manière d’y mettre fin.
Plusieurs erreurs ont été mises en évidence lors de la première édition, mais pas dans les suivantes. Il est probable qu’elle en contient encore que je serai amené à corriger par la suite. Il est possible que l’une ou l’autre des corrélations que je mets en lumière ne soient dues qu’au hasard, mais certainement pas leur écrasante accumulation.
De nombreux petits ajouts ont été inclus en fonction de révélations successives sur cette période.
À n’en pas douter, les partisans de l’impérialisme ne manqueront pas de m’accuser de « complotisme », selon leur expression fétiche. C’est une injure facile qu’ils manient depuis 15 ans. Ils en ont fait un usage extensif depuis que je conteste la version officielle des attentats du 11 septembre 2001. Ils persistent dans leur déni et se trahissent lorsqu’ils soutiennent publiquement Al-Qaïda en Libye et en Syrie alors qu’ils l’accusent de massacre aux États-Unis, en France, en Belgique, etc.
Le consensus des journalistes et des politiques n’a pas plus de valeur que celui des théologiens et des astronomes face aux découvertes de Galilée. Jamais aucun consensus n’a permis d’établir la vérité. Seule la Raison appliquée aux preuves permet de s’en rapprocher.
En définitive, une fois les erreurs mineures corrigées, c’est à cette accumulation de faits que chacun, s’il est sincère, devra répondre en proposant une explication logique et cohérente.
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